Voici quelques mots de Pierre Rabhi extraits de Panorama, de novembre 2015.
Au-dessus de mon lit, j'ai accroché
cette phrase d'un chef indien d'Amérique : "La terre ne nous appartient pas, c'est nous qui lui appartenons". Rien de ce que la nature a engendré n'est engendré que pour l'homme, jamais. Tout est engendré par et pour la nécessité du tissage de la vie. C'est donc une formidable invitation à coopérer.
Nous
sommes constamment portés
par cet équilibre : d'un côté une
énergie illimitée, de l'ordre de
l'absolu, et de l'autre une énergie
qui nous est propre, humaine et limitée. Je n'oublie donc jamais le
Pierre Rabhi de cinquante-deux kilos qui, lui, essaie de suivre.
L'homme moderne est parti d'un paradigme
vaniteux. Il s'est laissé griser par ses inventions. Il s'est campé comme une espèce capable de se libérer de la nature, de Dieu, et de tout ce qui pourrait
le contraindre.
Le même
système qui fabrique des choses à vendre fabrique
des gens qui ne peuvent pas acheter. Arrivera un
moment où, logiquement, il y aura une rupture.
Je
me demande : pourquoi diable les monothéismes,
qui proclament la Terre comme l’œuvre de Dieu,
ne sont-ils pas les premiers "écolos" ? Ils ont
laissé l'homme profaner, et je suis en colère.
Je regrette que
les cours de catéchisme dans l'islam, le christianisme,
le judaïsme, ne servent pas avant tout à
inculquer le respect de la vie et l'émerveillement.
Il y a urgence à réapprendre à s'émerveiller.
La sobriété, c'est la simplicité. La société
dans laquelle nous vivons est, aux yeux des
pays sous-développés, une société qui a tout
pour être heureuse. Vu de l'extérieur, nous avons
tout pour être heureux. Et pourtant, comment
se fait-il que les enfants sourient dans les villages
d'Afrique et pleurent dans les supermarchés
d'Europe ?
Le bonheur simple est vrai ! Ici
nous sommes dans la surabondance triste, dans
un système qui fait en sorte que le citoyen se sent
continuellement frustré. Mais nous arrivons à
une prise de conscience. Que le " toujours plus" est un leurre. À mes yeux, sobriété et bonheur
de vivre vont de pair.
Certains disent : "détruire la planète".
C'est impossible ! La nature est très puissante.
Elle en a vu d'autres. Elle a toujours retrouvé le
chemin de la vie. Elle peut faire sans nous, mais
nous ne pouvons faire sans elle.
Ma mère ne m'a pas
porté dans son sein pour le Produit Intérieur Brut
du pays, mais pour la vie.
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