En voici un extrait.
"Le film Alphabet, du réalisateur Erwin Wagenhofer, sort aujourd’hui en salle. Entamée par We feed the World, consacré à la crise alimentaire, et poursuivie par Let’s Make Money, sur la crise financière, la « trilogie de l’épuisement » s’achève ici avec une dernière crise – celle de l’éducation.
L’enthousiasme, la créativité, la passion et la confiance en soi, c’est le sujet de ce film.
Beaucoup pourraient vous dire que ce documentaire est un film sur l’école, qui plus est, contre l’école. Il est vrai que son réalisateur nous mène de Chine en Allemagne, en passant par la France et les Etats-Unis, à la découverte des systèmes éducatifs dominants, basés sur les résultats quantitatifs et le mode compétitif. En ce sens, le film nous place devant la faillite de notre système éducatif conventionnel, sa violence immanente et son aptitude à détruire chez l’enfant toute pensée divergente pour pouvoir rentrer dans un moule où l’erreur devient une faute, la différence face à l’apprentissage un motif d’exclusion et la créativité une qualité devenue accessoire, voire gênante. Et pourtant, Alphabet n’est pas un film à charge, un documentaire simpliste et manichéen, dont la seule défense serait l’attaque de l’école. Non, Alphabet est un film qui nous met face à nos contradictions, face à notre enthousiasme de découvrir le monde et notre inquiétude de ne pas y parvenir sans un moule qui nous enserre. Ce n’est pas pour rien que ce documentaire a pour titre complet Alphabet, la peur ou l’amour, car c’est bien d’amour dont il est essentiellement question tout au long de ce film : amour de l’apprentissage, amour de l’enfant en chacun de nous, amour du monde et de la vie.
Alphabet n’est donc pas un film sur l’école ; c’est un film sur le pouvoir de l’imagination, sur la confiance en l’enfant et sur son enthousiasme de vie. C’est un film qui n’émet pas plus de jugement réducteur qu’il ne propose de solutions toutes faites, et c’est aussi cela qui fait sa force et sa beauté, car tous les chemins sont possibles. Le monde s’ouvre à nous et c’est à nous seulement que revient le pouvoir de le saisir et l’embrasser dans tout ce qu’il a de plus joyeux, coloré et passionné. Nous pensons vouloir voir les enfants comme des cerfs-volants, de jolis rubans qui s’envolent haut, mais que nous retenons toujours par un fil. Le grand message de ce film, c’est qu’il faut couper ce fil et laisser les enfants voler haut, très haut, avec leur propre voix et leur enthousiasme à jamais préservé." Source: Antigone XXI.
Les projections prévues sont accessibles ici.
« A la naissance, nous sommes tous un exemplaire original…
Mais nous mourrons, presque tous, à l’état de copie. »
Mais nous mourrons, presque tous, à l’état de copie. »
Erwin Wagenhofer
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