Nous avons pu assister hier soir à une conférence de Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste qui s'est notamment fait connaître pour les repères "3-6-9-12 Apprivoiser les écrans et grandir".
Le principe est simple:
- pas d'écran avant 3 ans
- pas de console/tablette/smartphone avant 6 ans
- pas d'internet avant 9 ans
- pas de réseaux sociaux avant 12 ans
On est allé à cette soirée avec curiosité et un peu de méfiance... mais finalement nous avons trouvé que le sujet méritait qu'on en débatte.
Voici donc ce que nous en avons retenu:
- les écrans font partie des outils qui peuplent nos vies et il est prouvé qu'ils nous transforment (par ex le téléphone rend impatient)
- les écrans nous offrent de nouvelles possibilités: Internet permet notamment de devenir très compétent dans un domaine pointu, à peu de frais, rapidement et à un jeune âge, ce qui n'était pas possible il y a quelques décennies.
- les écrans permettent d'être multi-identitaire (se faire passer pour quelqu'un d'autre sur internet par exemple).
- avec les écrans, les liens se fondent plus sur les centres d'intérêt que sur la proximité réelle, même s'ils permettent aussi de rester en lien avec ceux qui ne sont pas là physiquement. C'est donc un formidable outil d'échanges.
- une caractéristique fondamentale des écrans est que l'image capture l'attention plus fortement et plus rapidement qu'un texte (ce qui engendre divers avantages et inconvénients).
Les principaux inconvénients des écrans sont:
- ils diminuent l'âge de l'apprentissage du langage (car la télé ne s'adresse pas directement à l'enfant)
- ils diminuent la capacité de concentration (ils détournent l'attention de l'enfant de son jeu réel)
- ils diminuent la qualité du sommeil (à cause de l'effet de la lumière LED)
- ils font perdre la notion du temps
- les ondes sont dangereuses
- ils permettent assez peu la réflexion, le recul
Comment contrebalancer ces inconvénients?
- une nouvelle forme d'apprentissage et de supports se développe: elle utilise l'hyper-attention (vidéos courtes avec un contenu didactique)
- compenser les périodes d'écran par des périodes de proximité avec l'enfant
- faire raconter les enfants pour mettre une distance entre eux et ce qu'ils ont vu
- se fixer des durées d'écran (comme une assiette délimite une ration alimentaire)
- établir des contrats entre adultes et enfants, aider les enfants à se fixer des limites
Ce qui nous laisse perplexes:
- nous considérons la radio comme une source de pollution aussi importante que les écrans, en raison du contenu négatif véhiculé par les flashs infos notamment. Bien que les bruits de voix soient de nature plus douces comparées aux bruits et aux images de la télévision, il n'en reste pas moins que la plupart des enfants comprennent rapidement le contenu des phrases...
- les adultes sont décrits comme les donneurs d'ordre, ceux qui fixent les règles. Pour nous, la notion de contrat va au-delà du fait que l'adulte impose ses règles: il convient que le contrat respecte les limites et les besoins de chacun des signataires...
- enfin, il nous semble que le débat nous met face à nos propres agissements face aux écrans (8 en moyenne par famille!). Trop souvent les adultes demandent aux enfants de faire ce qu'ils disent et pas ce qu'ils font. L'exemple reste tout de même la meilleure forme d'apprentissage et notre questionnement personnel semble donc incontournable...
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