Aujourd'hui, je commence en douceur avec le thème des sigles et acronymes.
• Un sigle est l’abréviation d’une locution qui n’en garde que les initiales.
• Un acronyme est un sigle dont l’enchaînement des lettres se lit comme un mot simple (il est prononçable au lieu de devoir être épelé) ; parfois ces acronymes deviennent des mots ordinaires, processus qui commence par leur passage en minuscules.
Dans le cadre de mon travail, je suis amenée à parler souvent de DLC et de DLUO, jardon du secteur alimentaire pourtant censé être connu du public, puisque figurant sur les étiquettes des denrées (sauf pour les consom'acteurs passés au Zéro Déchet comme moi, qui n'ont plus à s'embêter avec lesdites étiquettes).
✷ DLC: Date Limite de Consommation. Concerne les produits périssables, avec une durée de conservation de quelques jours à quelques semaines, au-delà de laquelle ils peuvent présenter un danger pour le consommateur. Cette date est précédée de la mention: "A consommer jusqu'au".
✷ DLUO: Date Limite d'Utilisation Optimale. Concerne des produits à conservation longue, de plusieurs mois voire des années. Au-delà de la DLUO, les denrées perdent de leurs qualités organoleptiques et nutritionnelles, sans être dangereux pour le consommateur. Cette date est précédée de la mention: "A consommer de préférence avant".
Jusque là, rien de drôle, au contraire. Mais c'est là où ça dérape...
En 2015, les autorités ont jugé opportun de remplacer le sigle DLUO par DDM: Date de Durabilité Minimale (note des autorités ici).
Pourquoi? Voilà un grand mystère... dont une piste d'explication réside peut-être ci-dessous. Il s'agit d'un commentaire d'Eric Delfosse trouvé sur ce site lorsque je faisais moi-même une recherche dans le cadre de mon travail. Je vous en livre ici les passages qui m'ont le plus amusée...
« M’ouais… J’ai vraiment l’impression que, dans nos organismes officiels, le matin, devant la machine à café, il y a des gens qui se demandent « Tiens ? Qu’est-ce qu’on pourrait bien modifier, aujourd’hui, dans l’administration et les réglementations, histoire de faire croire qu’on travaille un peu ? »… [...]
Le problème, à mon sens, c’est que l’on utilise des abréviations
(ou des acronymes) dont personne (ou presque) ne se rappelle plus le sens
exact.
Si je te disais qu’un jour, quelqu’un (de la région de Lyon)
s’est vanté devant moi (qui habitait près de Namur, en Belgique) d’être plus
intelligent que la majeure partie des gens parce qu’il savait, lui, au moins,
ce que signifiait l’abréviation TGV… Quand je
lui ai dit que, chez nous, en Belgique, tout le monde savait ce que voulaient
dire ces trois lettres, il était fier de m’expliquer qu’en France, il n’y
aurait qu’une élite qui connaissait le sens exact des abréviations. J’avoue que
je ne l’ai pas cru, mais que, par la suite, je me suis quand même posé des
questions…
Quand je suis arrivé en France un an plus tard et que j’y ai
ouvert mon bureau, j’ai demandé ce que je devais faire. On m’a répondu que je
devais m’inscrire à l’URSSAF. J’ai
demandé ce qu’était l’URSSAF, on m’a
répondu que c’était … là où je devais m’inscrire en tant que profession
libérale (mais encore ?) … mais personne n’a pu me dire à quoi correspondaient
ces initiales (et j’ai dû aller voir sur Internet pour le savoir).
On m’a ensuite parlé de l’INSEE. Idem :
personne n’a su me dire la signification de ce sigle, et j’ai dû regarder sur
le Net pour savoir qu’il s’agissait d’un institut de statistiques… Tout le monde sait qu’un PEL, c’est « un
compte pour acheter une maison », mais apparemment, il semble qu’il faille
quelques secondes pour se rappeler qu’il s’agit d’un Plan Épargne Logement.
La SNCF,
« c’est les trains », et la RATP, bah, «
c’est le métro et les bus », mais encore ? Un BTS, c’est quoi
? Qui sait que SFR,
en plus d’être un « FAI », c’est la
« Société Française du Radiotéléphone » ? Et quand on inscrit sur une enveloppe
« CEDEX »,
combien parmi vous savent qu’il s’agit d’un courrier d’entreprise à
distribution exceptionnelle ? Et si je vous parle de la société des
papiers-linges, qui parmi vous va penser au papier absorbant que tous les
Français désignent par « SOPALIN » sans
même savoir qu’il s’agit d’une abréviation ? Et si l’on se rappelle vaguement
ce qu’est un CD
(et je ne parle même pas de CDD ou de CDI), qui sait ce qu’est un DVD ? Et bonne
chance, sans regarder dans un dictionnaire des acronymes, pour savoir ce que
signifient CAF,
CAFA, CAFAD, CAFAM, CAFAMP ou CAFAS, lequel CAFAS peut
désigner un certificat d’aptitude soit aux fonctions d’aide-soignant, soit à
une formation artistique supérieure !
Quoi d’étonnant, dans ce cas, dans un monde où l’on use et abuse
d’abréviations et d’acronymes dont personne ne se rappelle plus la
signification exacte, que bon nombre de particuliers sachent juste que les « DLC » et les « DLUO », ce sont
des « dates de péremption » … sans savoir ce qui se cache derrière ces lettres
?
Remplacer « DLUO » par « DDM » ne va pas
y changer grand-chose…
CQFD ! Je pense… Mais je
n’oblige personne à penser comme moi…
Je terminerai par un clin d’œil à la BD (la Bande
Dessinée).
Quand j’étais petit (je ne suis pas très grand aujourd’hui,
alors, disons « quand j’étais tout gamin », même si je le suis encore un peu de
nos jours), j’ai lu une «BD» de la série
« Jo, Zette et Jocko » (Hergé*) intitulée « L’Éruption de Karamako ». Dans cet
album, l’auteur se moque de la sale manie qu’a un savant d’employer des
abréviations à tout bout de champ, pour désigner n’importe quoi (du genre «
passons à la SAM » pour « passons à la salle à manger »).
À un moment, ce savant parle de quelqu’un qui est « DCD »… Et
les jeunes héros ne comprennent pas le sens de cette abréviation.
« Il est quoi ? DCD ? Qu’est-ce que ça veut dire ? »
« Bin, oui, il est mort, quoi… »
Bonne journée !
Ha, non, pardon : BJ »
* Hergé étant un pseudo créé à partir de ses initiales Rémi
Georges 😂
Bref... Après avoir lu ça, je me demande sincèrement si un peu de simplicité volontaire ne serait pas la bienvenue dans notre chère langue française...?
Parce que, faut quand même reconnaître que faire des groupes nominaux aussi longs et compliqués, c'est juste pour se donner l'impression d'être important (encore un truc de l'ego ça 🙄) et aussi permettre à des groupes de personnes d'avoir un langage hermétique (voyez l'éducation nationale, entre ATSEM, AVS, ZEP...).
Je formule donc le souhait que chacun se mette à l’œuvre pour simplifier sa vie (vous savez que je crois très fort à la responsabilité individuelle comme modèle pour inspirer le collectif) et alors, qui sait, on pourra peut-être se (re)mettre à parler simplement, sans craindre que tout le monde comprenne...!
Bref... Après avoir lu ça, je me demande sincèrement si un peu de simplicité volontaire ne serait pas la bienvenue dans notre chère langue française...?
Parce que, faut quand même reconnaître que faire des groupes nominaux aussi longs et compliqués, c'est juste pour se donner l'impression d'être important (encore un truc de l'ego ça 🙄) et aussi permettre à des groupes de personnes d'avoir un langage hermétique (voyez l'éducation nationale, entre ATSEM, AVS, ZEP...).
Je formule donc le souhait que chacun se mette à l’œuvre pour simplifier sa vie (vous savez que je crois très fort à la responsabilité individuelle comme modèle pour inspirer le collectif) et alors, qui sait, on pourra peut-être se (re)mettre à parler simplement, sans craindre que tout le monde comprenne...!
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