Vous noterez que je n'ai pas écrit "arrêter de manger de la viande" car le végétarisme strict, même si cela peut être le but ultime, me semble un peu radical pour une population occidentale habituée depuis plusieurs décennies à manger de la viande 1 à 2 fois par jour... (et aussi parce je n'ai pas envie de tomber dans l'orthorexie).
Vous l'avez peut-être remarqué, ça bouge beaucoup en ce moment, et le régime alimentaire végétarien, et végétalien aussi, sont en grande vogue. Ces termes devraient, d'après les informations que je vois passer dans mon travail, être prochainement définis par la Commission Européenne.
Il était temps car, selon l'European Vegetarian Union (EVU), 7.8 millions d'allemands sont végétariens (10% de la population, nombre qui a doublé depuis 2006) et 900 000 sont végétaliens (1.1%) (chiffres YouGov cités dans un courrier de l'EVU de juillet 2015).
Mais, vous vous en doutez, être végétarien par mode est loin d'être une raison satisfaisante... alors, voici une liste de motivations un peu plus rationnelles.
1) parce que tuer un animal est un acte qui doit faire réfléchir
"Si les abattoirs avaient des murs en verre, nous n'aurions pas ce débat..." Ces propos, extraits de cette vidéo, résument bien le problème: les conditions d'élevage et d'abattage, auxquelles nous participons par nos pratiques alimentaires, sont devenus indignes de l'Homme.
Avez-vous entendu le scandale de l'abattoir d'Alès? Voici la vidéo qui l'a déclenché.
Cela soulève de nombreuses questions: en quoi la vie des animaux nous appartient-elle? qui défend leurs droits? pourquoi perpétuer une habitude alimentaire qui n'est pas nécessaire de nos jours? Je vous renvoie aussi à l'excellent l'article de Marie Laforêt, blogueuse culinaire végane, et auteur-photographe de livres à succès.
2) parce que l'élevage intensif de bétail nuit à l'environnement et monopolise des terres
Le premier point est que 70% des terres cultivables sont accaparées par l'élevage ou par des cultures destinées au bétail. Ces cultures intensives nécessitent de l'eau (associés à des engrais et des pesticides) et des terres qui pourraient nourrir les Hommes (sans parler des déforestations que cela engendre), alors que parallèlement la famine sévit dans plusieurs parties du globe.
Le second point est que les élevages intensifs rejettent 18% des gaz à effet de serre (plus que tous les transports du monde réunis!), des déchets organiques polluants pour les sols et pour les nappes phréatiques s'ils sont mal gérés, et consomment également de l'eau. (une excellente vidéo explicative de 4 mm ici)
3) parce que les protéines animales ne sont pas indispensables
D'ailleurs, l'émission Les pouvoirs extraordinaires du corps humain, sur l'alimentation, a indiqué que non seulement il est tout à fait possible de se passer de protéines animales, mais que les recommandations de consommation de viande, pour un homme adulte, sont d'une fois par semaine! Pour une fois que les médias évoluent plus vite que les dogmes officiels...
Ces derniers commencent néanmoins à modifier leur point de vue en reconnaissant que les apports protéiques moyens chez de nombreuses classes d'âge sont plus élevés que les apports nutritionnels conseillés et qu'il convient donc de "contrôler les apports en protéines en ajustant la taille des portions servies et non leur
densité nutritionnelle." Un début...
Sachez en tout cas que l'OMS recommande 0,6 g de protéine par kg par jour. Pour 50 kg, un apport de 30 g de protéine par jour suffit donc, ce qu'un végétalien atteint facilement en mangeant à sa faim (notons que cela peut aussi être 90 g tous les 3 jours ou 200 g une fois par semaine... car l'idée d'équilibre journalier commence à être remis en cause également). Les végétaliens trouvent leur compte de protéines végétales et de fer dans les légumineuses, les céréales complètes et les oléagineux, si bien que les carences sont bien moins fréquentes chez cette population que chez les omnivores!
4) parce que la chair entre en décomposition immédiatement après la mort
On nous apprenait sur les bancs de la fac de biologie que diverses molécules apparaissaient après la mort et leurs noms sont si parlants qu'on ne les a pas oubliés: putrescine, cadavérine... dont il est connu qu'elles sont toxiques à haute dose, chez l'Homme en tout cas.
Par ailleurs (sans lien peut-être), le Monde a publié le 26 octobre un article intitulé "La viande rouge est probablement cancérogène", révélant les conclusions du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), agence de l’OMS. A noter: lorsque ces produits carnés sont transformés (salaison, maturation, fermentation, fumaison, cuisson...), ils passent de "probablement" cancérogènes à clairement cancérogènes selon cet article. Depuis, l'OMS a tempéré les choses en disant qu'il ne s'agissait pas de supprimer la viande, mais de se limiter à 500 g de viande rouge par semaine, en évitant la charcuterie...
Parallèlement, certains animaux carnivores ou charognards se portent plutôt bien en ingérant de la chair animale, d'où le point suivant...
5) parce que nous ne sommes pas bien équipés pour digérer la chair animale
La question est en effet de savoir si le corps de l'Homme est équipé pour digérer cette chair animale. La caractéristique des carnivores et des charognards est un intestin court pour une élimination rapide et des reins puissants pour traiter l'acide urique résultant de cette assimilation. L'Homme ne répond pas franchement à cette description: les études montrent au contraire qu'il est resté très proche de ses cousins, les singes, et qu'il n'a pratiquement pas évolué de ce point de vue-là, malgré les millénaires (d'où la mode de l'alimentation paléo, qui paradoxalement s'est focalisée sur l'époque où nos ancêtres mangeaient de la viande en abondance... pour survivre!).
D'ailleurs, outre les intestins, on peut noter que l'Homme, sans ses précieux outils (fusil, couteau...), n'est pas très adapté pour tuer: il n'y a qu'à regarder nos mains, nos ongles, nos dents... serait-on capable de tuer un animal à mains nues et d'y mordre dedans, tels que la Nature nous a faits?
Les singes ne s'y trompent pas et s'orientent principalement (et en faible quantité) vers des protéines animales du type œufs d'oiseaux ou insectes... A noter en passant qu'ils sont essentiellement frugivores, et qu'ils mangent tout cela cru, comme tous les autres animaux...
Bref, vous l'aurez compris, manger moins de viande est donc un choix éthique, écologique et économique (je n'ai pas développé cet aspect mais ça ne vous aura pas échappé) mais aussi un choix de santé!
En pratique, comment faire? Comme pour la plupart des démarches, je recommande une baisse progressive (même si je sais que certains ont des prises de conscience parfois radicales, on est tous différents): soit une baisse des quantités journalières, soit une baisse des fréquences (tous les 2 jours, 2 fois par semaine, puis 1 fois par semaine...). Parallèlement, il peut être utile de s'informer sur le sujet, de tester des recettes végétariennes ou végétaliennes, afin de réintroduire dans son alimentation les légumineuses, les céréales complètes et les oléagineux...
Sites de cuisine végétale (mais pas forcément totalement végétarienne ou végétalienne):
- 100% végétal: http://www.100-vegetal.com/
- Cléa cuisine: http://www.cleacuisine.fr/
- Code Planète: http://codeplanete.blogspot.fr/
- Save the green: http://www.savethegreen.fr/category/cuisine-bio/
- Chaudron pastel: http://www.chaudron-pastel.fr/
- Sweet & sour: http://www.sweetandsour.fr/
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